Médicaments: les industriels marocains réclament un statut pour l’export

Les fabricants de médicaments souhaitent bénéficier d’un statut réglementaire spécifique pour l’exportation de leurs produits à l’international, afin de surmonter les défis qui entravent actuellement leurs activités. Les détails.

Les industriels pharmaceutiques marocains réclament un statut pour l’exportation. Selon Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP), cette absence de statut représente un obstacle important pour les entreprises cherchant à exporter leurs produits.

Et de préciser qu’«actuellement, seuls trois statuts sont prévus au niveau réglementaire pour les entreprises pharmaceutiques: celui des établissements pharmaceutiques fabricants (EPI), celui des établissement grossistes répartiteurs et celui du pharmacien d’officine. Il faudrait prévoir dans notre réglementation un statut pour les plateformes de logistique pharmaceutique à l’export.»

Selon Mohamed El Bouhmadi, lorsque les industriels veulent exporter leurs produits, il faut que ceux-ci soient d’abord enregistrés et commercialisés au Maroc, d’où l’importance de résoudre ces aspects réglementaires pour que les opérateurs puissent distribuer leurs produits sans avoir à les enregistrer à chaque fois. Il indique, par ailleurs, que plusieurs médicaments produits par les industriels n’intéressent pas le marché marocain, tel que le traitement du paludisme qui est généralement destiné aux pays d’Afrique subsaharienne.

L’absence d’une plateforme de distribution pointée du doigt

Autre frein à l’exportation des médicaments, et non des moindres, notamment en Afrique: l’absence d’une plateforme de distribution. Notre interlocuteur relève que pour que les professionnels exportent leurs produits, ils sont tenus de passer par d’autres pays, notamment la France (Rouen) pour transférer leurs médicaments vers la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Cela coûte, par conséquent, beaucoup d’argent mais aussi de temps. La preuve: lorsqu’un produit est en rupture de stock, son réapprovisionnement nécessite 4 mois au minimum.

Outre ce problème de logistique et de transport, Mohamed El Bouhmadi met en avant un deuxième obstacle auquel se heurte l’industrie pharmaceutique, celui des prix. Le président de la FMIIP explique que lorsque les industriels souhaitent exporter leurs produits, le prix qui est pris en référence est celui commercialisé au Maroc. «Or, il faudrait avoir un prix spécial pour l’export, d’où l’importance d’une réglementation adaptée qui permet d’exporter nos produits en tenant compte à la fois des coûts de production et de transport», fait-il observer.

Notre interlocuteur signale que le continent africain représente un énorme potentiel pour l’industrie pharmaceutique pour le Maroc, notamment grâce à la Zone de libre-échange continentale. «C’est pourquoi il faut trouver des solutions aux freins qui bloquent le développement de ce marché à haut potentiel.»

Il rappelle, à ce titre, que l’Afrique représente 1,1% de la consommation mondiale de médicaments, ajoutant que la population du continent se chiffre aujourd’hui à 1,3 milliard. Elle atteindra 1,7 milliard en 2030, contre 2,5 milliards en 2050 et 4,5 milliards en 2100.

En outre, l’Afrique importe 70 à 90% de ses besoins en médicaments, et selon I’OMS, 42% des faux médicaments ou des médicaments contrefaits circulent en Afrique à cause de la réglementation parfois laxiste dans certaines zones. «L’accord de la ZLECA va ainsi permettre de développer le marché d’export pharmaceutique. D’où l’intérêt de songer à un statut d’export pour faciliter la tâche aux opérateurs», conclut Mohamed El Bouhmadi.

Source : L360.ma