La mise en place d’un dossier patient partagé national 360° marque un avancement majeur dans la mise en place d’un système de e-santé totalement intégré au Maroc, et contribuera à améliorer la qualité et la coordination des soins au niveau régional et national.
Le ministère de la santé et de la protection social a lancé un appel d’offres pour l’acquisition et la mise en place d’un système de santé national intelligent. L’ouverture des plis aura lieu le 12 septembre prochain et l’estimation des coûts des prestations a été fixée à 189,9 millions DH. Ce système de santé intelligent consistera en la mise en place d’un dossier patient partagé national 360° qui contribuera à améliorer la qualité et la coordination des soins au niveau régional et national. Ainsi, le dossier patient partagé permettra aux patients d’améliorer leur prise en charge, via une meilleure connaissance de leur passé médical par les médecins, une prise en compte plus rapide des informations médicales les concernant, tout en garantissant leurs droits (protection de la vie privée, sécurité et fiabilité des données). Le ministère signale que la généralisation de la couverture médicale de base, qui sollicitera davantage les ressources humaines et matérielles du système de santé actuel, doit être accompagnée par une mise à niveau globale du secteur pour améliorer son rendement, sa résilience et la qualité de ses prestations. La tutelle fait remarquer que plusieurs problèmes continuent d’impacter négativement le système de santé actuel et empêchent la réforme d’atteindre rapidement ses objectifs. A commencer par l’absence d’un dossier patient partagé (DPP) national qui impacte la qualité et l’efficacité des soins de santé dans le pays. Parmi ces problèmes, on retrouve une coordination insuffisante entre les différents acteurs du système de santé, des retards de diagnostic, des traitements inappropriés et une répétition des examens médicaux coûteux. Cela se traduit également par une mauvaise exploitation des données médicales, entravant la mise en place de politiques de santé publique ciblées et efficaces. De plus, les patients sont exposés à des risques accrus d’erreurs médicales et de complications liées à la perte ou à l’inaccessibilité de leurs informations médicales. Enfin, l’absence d’un tel système freine la modernisation et la digitalisation du secteur de la santé au Maroc, limitant ainsi son potentiel d’innovation et d’amélioration des soins, déplore le ministère de la santé. Par ailleurs, l’absence d’intégration IT/MD (systèmes d’information/équipements médicaux) dans le système de santé actuel peut engendrer des inefficacités et des vulnérabilités importantes. Cela limite la communication et la collaboration entre les différents acteurs du secteur de la santé, entrave la fluidité des processus de prise en charge des patients et rend difficile le partage d’informations essentielles pour la qualité des soins. Cela empêche également la mise en place de solutions innovantes en matière de télémédecine, d’e-santé et de suivi à distance, et expose les infrastructures aux risques de cyberattaques. Le ministère signale également que l’absence d’intégration IT/OT freine la capacité d’un système de santé à s’adapter aux évolutions technologiques et à améliorer en continu les services offerts aux patients. La tutelle relève également la vétusté du plateau technique médical et la persistance d’équipements et de dispositifs médicaux non connectables nativement, empêchant la récupération de données structurées à la source, leur intégration au sein des systèmes d’information et leur traitement par les nouveaux assistants médicaux à base d’IA et de big data. En outre, les systèmes décisionnels actuels ne prennent pas en compte toutes les typologies de données (SIRH, asset management, supply chain…) et ne permettent pas leur agrégation avec les données médicales, empêchant ainsi les organes de gouvernance d’accéder à une vision 360° du secteur et d’exploiter la remontée de l’information à des fins de planification sanitaire, d’évaluation médico-économique ou encore de surveillance épidémiologique.
La solution devra supporter 50 millions de patients actifs
Face aux divers problèmes qui continuent d’impacter négativement le système de santé, le ministère souhaite déployer le concept de système de santé territoriale intelligent, qui repose sur un dossier patient partagé à l’échelle nationale; une intelligence distribuée favorisant la prise de décision rapide et la pluridisciplinarité; la lutte contre l’obsolescence programmée des grands équipements avec le prolongement de leur durée de vie. Ce système reposera sur un pilotage épidémiologique précis du territoire avec une maîtrise des dépenses de santé ainsi que des systèmes d’informations opérationnels orientée performance médicale. L’opérationnalisation de ce concept consistera en la mise en place d’un dossier patient partagé national 360°; l’interconnexion de tous les systèmes d’information régionaux et des équipements médicaux de manière à décloisonner l’information médicale, à l’agréger et à proposer un dossier patient partagé national assurant la continuité de la prise en charge. L’opérationnalisation de ce système portera sur l’exploitation de technologies innovantes de traitement automatique, d’optimisation et de communication de la data médicale, tout en préservant sa confidentialité et en ouvrant de nouvelles perspectives d’applications telles que la médecine personnalisée et prédictive. Il faut aussi relever le déploiement d’outils modernes de pilotage et de business intelligence multidimensionnels alimentés en temps réel par des données structurées récupérées à la source. La solution attentue devra comporter plusieurs éléments à savoir le dossier patient partagé national et ses portails associés; Plateforme software d’interopérabilité permettant d’alimenter le dossier patient partagé et facilitant la performance médicale et le pilotage épidémiologique; Hardwares de convergence IT/MD; Hardware de connexion des équipements médicaux couche décisionnelle. Dans le cadre du présent appel d’offres, la solution doit être capable de supporter au minimum 50 millions de patients actifs, correspondant aux projections de croissance de la population marocaine.